Luce Turnier ou certitude et angoisse du véritable artiste 1/2

L’expo « Paris noir » actuellement au centre Pompidou m’a beaucoup plu.
Elle présente le parcours anticolonial de l’Afrique à travers la voix d’artistes noirs vivant en France entre les années 1950 et 2000, et venant d’Amérique, d’Afrique ou d’ailleurs. Ainsi, J’ai découvert , le travail de Beauford Delanay, de Paul Ahyi entre autres. J’ai également découvert le travail de Luce Turnier, une artiste haïtienne spécialisée dans le collage . En fait, elle a peint à ses débuts du figuratif, puis est venu le collage vers le milieu des années 60, une époque où ce type d’art n’était pas très pratiqué par les artistes.
Cela a d’ailleurs éveillé mon attention et j’ai souhaité en connaitre davantage sur sa démarche artistique. Dans un prochain article, je retranscrirai ici une interview de Luce Turnier datant de 1978 , qui montre qu’elle était une artiste travailleuse et fidèle à sa voix.
Le travail de Luce Turnier exposé à Beaubourg
Ici, je vous présente tout d’abord son travail, celui que j’ai vu à Beaubourg.


Voici La description faite de Luce turnier sur la deuxième image:
« Luce est la figure la plus marquante de la peinture et du dessin parmi les femmes Haitiennes. Elle est née à Jacmel en 1924. Madame Turnier reçut une bourse d’études de la Rockefeller en 1950 et étudia au Art Student’s League à New York et plus tard travailla seule à Paris.
Elle a eu plusieurs expositions personnelles à Paris au centre d’art, une à la Pan American Union à Washington et plusieurs autres en Europe. Ses participations à des expositions de groupes ne se comptent plus. Elle a séjourné à Paris complétant ses études de portraits en vue de se perfectionner dans cette branche. Depuis quelques années, elle s’est adonnées surtout au collage .
Elle vit à Chartres et passe des séjours de temps en temps en Haiti pour se retremper à la source de son inspiration.
Elle a eu une exposition française à l’institut français en 1972 qui fut un grand succès… »







Le processus créatif de Luce Turnier dans sa pratique de collages
Sa fille, Jézabel Turnier explique le processus créatif de sa mère en ces termes:
Luce Turnier avait pris l’habitude de récupérer des chutes de papier noir et blanc, issues du miméographes de son lieu de travail, qu’il fallait recharger à encre manuellement. Il n’y avait pas de photocopieur dans son lieu de travail mais toujours beaucoup de papiers gâchés. Elle s’est prise de fascination pour les formes et les textures que ces fragments abandonnées offraient. et les rapportait donc chez elle. Plus tard, lorsque la machine s’est détériorée, ses patrons ont permis que Luce la ramène chez elle avec les encres. Sa fille se souvient comment sa mère répandait ces morceaux de papier découpés sur le sol puis les agençait jusqu’à ce qu’une composition se révèle.
Si inspirant!
J’aime ses collages et j’aurais souhaité en voir davantage; je pratique également le collage dans un petit carnet et pour tout vous dire, je me sens un peu bizarre lorsque je coupe des papiers que je colle les uns sur les autres; j’ai l’impression de raconter des choses avec des mots codés mais sans doute compris par ceux qui sont sensibles à cet art; je me suis donc sentie moins seule en rencontrant l’âme créative de Luce. elle m’a inspirée à suivre ma propre voix.
Quelques citations de Luce Turnier
Je peins davantage avec mes yeux, et ma sensibilité qu’avec mon intellect.
Il faut se donner une discipline, peindre tous les jours systématiquement, même si on n’en a pas envie; On acquerra ainsi l’entrainement qui permettra de saisir l’inspiration au mieux quand elle se présentera
C’est assez frustrant de s’adonner à des tâches ménagères quand une toile vous attend sur le chevalet!
Je préfère moins bien vivre et faire ce que je veux .
La suite au prochain article avec une interview de Luce Turnier faite en 1978.
Et voici le lien : Luce Turnier ou certitude et angoisse du véritable artiste 2/2